Des solutions pour en finir avec les pathologies du béton
À la suite de nombreuses pathologies observées sur des bétons en Nouvelle-Calédonie (désagrégation prématurée de la surface extérieure des ouvrages), une étude complète a été lancée en 2019 par la Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics (FCBTP), accompagnée par l’Union de la maçonnerie et du gros œuvre de la Fédération française du bâtiment (UMGO FFB), afin d’en déterminer les causes précises et de proposer des solutions*. Arrivée bientôt à son terme, cette étude livre ses premiers résultats.
Des bétons très poreux
La première constatation est sans équivoque. « Les bétons calédoniens sont très poreux, pas assez compacts » fait remarquer Loïc Divet, de l’université Gustave-Eiffel de Paris qui participe à cette étude ; « cette porosité inadéquate est un facteur favorisant la dégradation des bétons, via la corrosion des aciers contenus (fers à béton). On note ainsi que des progrès importants sont à faire dans la formulation et la mise en œuvre des bétons, il y a des règles précises à respecter notamment dans les formulations, il convient de les rappeler aux acteurs de la construction. » ajoute-t-il.
Pyrite et laumontite
Il avait aussi été supposé au début de l’étude que la présence de roches (pyrite et laumontite) dans les granulats extraits de carrières locales, utilisés pour le béton, puisse être à l’origine de certaines pathologies du béton. « Concernant la pyrite, si les seuils précisés dans la norme granulat sont respectés, on n’observe pas de désordre. Pour la laumontite, il a été mis en évidence que sa présence dans les granulats va poser des problèmes, notamment en superficie des ouvrages. Au fil des expositions au soleil et à la pluie, l’évaporation et la reprise d’eau vont favoriser des gonflements successifs de la structure de la laumontite, ce qui va effriter le béton en partant de la surface pour aller progressivement vers l’intérieur, et ce, d’autant plus rapidement que le béton est poreux. » précise Loïc Divet.
Des solutions se profilent
Plusieurs solutions à ces pathologies se profilent ainsi à l’issue de l’étude.
« La première consiste à rappeler les règles de l’art. Le Guide des bonnes pratiques béton réalisé par le FCBTP est une démarche qui va dans ce sens, il faut continuer à insister sur le respect des formulations du béton, c’est essentiel », insiste Loïc Divet.
Concernant la présence de laumontite, jusqu’ici on avait fermé les carrières qui en contenaient. Toutefois, l’étude recherche des seuils de laumontite à ne pas dépasser dans les granulats et développe des essais accélérés pour mesurer le risque et qualifier une formule de béton contenant des granulats avec laumontite, ce qui permettrait d’éviter de fermer des carrières. Ce développement s’avère toutefois assez complexe. En attendant, on recommande un diagnostic sur les premiers millimètres de l’ouvrage pour mettre en évidence l’altération des laumontites.
Dernières solutions, les options curatives. Des essais sont en cours pour valider des solutions de traitement et de réparation, notamment en rendant étanche la surface des bétons. Les très nombreux produits existants candidats potentiels sont encore à tester.
Des recommandations pour 2022
La fin de l’étude et les dernières recommandations sont attendues début 2022.
« On peut toutefois déjà affirmer que des efforts importants sont à faire sur la qualité des bétons calédoniens. Une communication importante sur le respect des règles de l’art est essentielle, pour obtenir une durée de vie des structures béton conforme à ce qu’on est en droit d’attendre » conclut Loïc Divet.
À l’issue de ces travaux, des recommandations seront ainsi élaborées et publiées sur le site web du RCNC. Ces recommandations auront vocation à devenir opposables et à servir de référence technique pour éviter que de telles situations ne se reproduisent.
Les professionnels seront accompagnés par des formations et des sensibilisations ciblées.