Une importante étape de franchie dans la résolution des pathologies du béton

guide béton
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Certaines constructions en béton de Nouvelle-Calédonie souffrent d’une dégradation prématurée, qui peut être liée à la présence de laumontite dans les carrières de granulats. Ce phénomène évolutif et non maîtrisé, car peu connu, se manifeste le plus souvent sur la face extérieure des ouvrages, aux endroits les plus exposés. Pour l’heure, il n’existe aucun repérage de la laumontite en amont, ni aucune technique de réparation efficace.

C’est pourquoi une étude a été lancée sur les pathologies du béton. Des analyses physicochimiques sur des échantillons sont menées par une équipe de chercheurs de l’université Gustave-Eiffel, à Paris afin de comprendre comment le phénomène se déclenche et de pouvoir y remédier efficacement.

Cette démarche d’intérêt général s’inscrit dans la volonté d’amélioration de la qualité de la construction du gouvernement à travers la mise en place du RCNC, référentiel de construction en Nouvelle-Calédonie, en juillet 2020.

D’une durée de trois ans – jusqu’en 2022 - ces travaux à la fois techniques, innovants et scientifiques visent à mettre en place des solutions constructives, préventives et curatives. Elles se déclinent en trois phases : veille documentaire, étude physico-chimique et réalisation de guides de préconisations.

Deux cas de figure de pathologies du béton

L’étude documentaire et les premières études techniques nous permettent de distinguer deux cas de figure :

  • Les désordres liés à une mauvaise conception de l’ouvrage, un béton de qualité médiocre et des règles de mise en œuvre non respectées. Dans ce cas, il faudra agir sur le plus strict respect des bonnes pratiques.
  • Les désordres liés à la présence de laumontite. Il s’agira de parvenir à formaliser une méthode qui garantisse la pérennité des réparations.

La « laumontite » : un phénomène propre à la Nouvelle-Calédonie

Actuellement, les chercheurs étudient la caractérisation des granulats employés pour la fabrication du béton en Nouvelle-Calédonie afin de déterminer scientifiquement les facteurs d’influence sur la cinétique de dégradation des bétons Calédoniens. 

Par la suite nous espérons être en mesure de proposer des méthodes de détection et de quantification de la présence de laumontite (et de pyrite) au niveau des carrières.

A terme et en fonction des résultats de l’étude, il sera peut-être possible de mettre en ligne une norme calédonienne (RCNC) spécifique sur ce sujet, laquelle pourrait s’insérer dans un addendum spécifique à la laumontite en Nouvelle-Calédonie dans la norme béton NF EN 206/CN et la norme granulats NF P 18-545.

« Le guide des bonnes pratiques », collaboratif et fédérateur

En attendant les résultats scientifiques définitifs de l’étude, un ouvrage collaboratif, le premier du genre, portant sur les bonnes pratiques de l’utilisation du béton vient de paraître. C’est une première étape importante dans le traitement du phénomène.

Le béton, matériau traditionnel, mais délicat, utilisé quasiment partout, exige une extrême rigueur tant au niveau de la fabrication, que de la mise en œuvre des ouvrages afin d’apporter des garanties à la fois en termes de qualité, sécurité et durabilité.

C’est pourquoi, en attendant des recommandations spécifiques à la laumontite dans un cadre normatif, la première pierre à l’édifice vient d’être posée pour une utilisation optimale du béton sous la forme d’un « guide des bonnes pratiques ».

D’une centaine de pages, d’un format dynamique, il a été rédigé avec la collaboration de tous les représentants de la construction du territoire : maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, bureaux d’études techniques, producteurs de matériaux, entreprises, contrôleurs techniques… C’est la première fois qu’un tel travail collaboratif et transversal a été mené dans le domaine du béton en Nouvelle-Calédonie.

Cet ouvrage vise à offrir à tous les professionnels du secteur, un même niveau de compréhension et de connaissances pour des constructions de meilleure qualité et plus durables.

Vers une vraie vision « filière »

L’enjeu est d’améliorer collectivement l’acte de construire et de tendre dès maintenant vers une vision partagée de « filière » avec une définition des rôles et responsabilités de chaque intervenant.

Tous ces « maillons de la chaîne » sont donc concernés par le respect des règles spécifiques à la Nouvelle-Calédonie afin de limiter les pathologies du béton et d’être confrontés le moins possible à des réparations par la suite.

Le guide des bonnes pratiques se veut LA référence de la filière et a vocation à devenir opposable à tous les professionnels concernés par la construction d’ouvrages en béton en étant référencé dans les documents d’un marché.

Enfin, il servira par la suite à mettre en place des actions de formation pour professionnaliser la filière avec un produit irréprochable.

 

Les initiateurs, partenaires et financeurs de l’étude

  • Initiateurs : la FCBTP, Fédération calédonienne du BTP et l’UMGO-FFB, Union de la maçonnerie et du gros œuvre de la Fédération française du bâtiment, la Direction des Achats du Patrimoine et des Moyens du Gouvernement, en charge notamment du référentiel de la construction de Nouvelle-Calédonie (RCNC).
  • Financeurs : le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (36 %), la FFB, Fédération française du bâtiment (33 %), l’Agence qualité de la construction, France (11%), la Fondation excellence SMA-BTP, groupe d’assureurs représenté sur le territoire (7 %).
  • Ainsi que les producteurs de matériaux locaux, des entreprises d’un même groupe (13 %) : Audemard-Bétonpac, Sobéca-SBTP, Sogesco-CDD et Socam-Pacifique.
  • Contributeur technique local : l’entreprise Tokuyama.
  • Deux contributeurs techniques métropolitains : EGF-BTP, syndicat national des entreprises générales françaises de bâtiment et de travaux publics, et l’Unicem, Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction).
  • Les chercheurs : une équipe de l’université Gustave-Eiffel ainsi que de l’université de la Nouvelle-Calédonie.
Budget total de l’étude : environ 30 millions de francs pris en charge à hauteur de 36 % par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ; ce qui en fait le plus important financeur de l’étude.