Les pathologies du béton, un dossier qui avance

Un exemple de désagrégation prématurée du béton. Photo FCBTP
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Les pathologies du béton, et notamment la désagrégation prématurée des bétons observée en Nouvelle-Calédonie, représentent des coûts très importants (en matières d'expertises judiciaires et d’assurances) et portent préjudice aux ménages qui investissent. Comme elles sont très visibles, elles nuisent également à l’image de la profession, alors même qu’il n’existe pas encore de techniques préventives ou curatives unanimement reconnues.

Soucieux de trouver une solution, les professionnels de la filière se sont saisis du sujet depuis déjà quelques années. Ainsi, la Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics (FCBTP), accompagnée par la FFB-UMGO (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), mène un travail de fond avec tous les acteurs concernés pour parvenir à prévenir et guérir les pathologies du béton. Ce projet s’intègre dans la démarche d’amélioration de la qualité de la construction, initiée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie à travers la mise en place du RCNC, Référentiel de la Construction en Nouvelle-Calédonie.

Dans ce cadre, une convention portant sur l’étude des pathologies du béton en Nouvelle-Calédonie a été signée le 24 avril 2019 entre les porteurs du projet (FCBTP et FFB-UMGO), les financeurs (gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, FFB, AQC, FE SMABTP) et les contributeurs techniques (EGF.BTP et UNICEM). De nouveaux acteurs, fabricants de béton prêt à l’emploi et carrières, ont également souhaité y contribuer financièrement et techniquement et se sont joints récemment à cette convention (AUDEMARD, BETONPAC, SOBECA, SBTP, SOGESCO, CDD et TOKUYAMA).

Un projet en plusieurs phases

La première phase, menée par Ginger LBTP et le CERIB, a consisté à faire un inventaire des cas de désagrégation du béton connus en Nouvelle-Calédonie et à recenser les études existantes dans d’autres pays touchés par ce phénomène. Par exemple, le Japon, qui fait face à une pathologie spécifique du béton causée par la zéolithe laumontite contenue dans certains granulats, que l’on retrouve aussi en Nouvelle-Calédonie.

La seconde phase, menée par l’Université Gustave-Eiffel (Iffstar), est centrée sur une étude physico-chimique qui permettra d’analyser le processus de réparation appliqué et sa fiabilité, puis d’analyser les précurseurs et les facteurs d’influence de la cinétique des dégradations liées à la laumontite et à la pyrite (une autre caractéristique géologique aboutissant à une pathologie). L’Université de Nouvelle-Calédonie, en tant qu’assistant à maitrise d’ouvrage, assistera le comité de pilotage et complètera les analyses.

A l’issue de toutes ces études, des guides techniques seront élaborés en concertation avec tous les acteurs pour accompagner la filière béton. Ils décriront la méthode constructive et de mise en œuvre pérenne du béton (prévention des risques, respect des règles de construction), les méthodes de réparation pérennes des ouvrages existants et le référentiel d’agrément des carrières qui sera développé.

En attendant la fin des études et la rédaction de ces guides prévues fin 2021 – début 2022, un guide de bonnes pratiques destiné aux prescripteurs, fabricants et constructeurs est en cours d’élaboration par des professionnels experts. Il présentera les caractéristiques géologiques du pays et décrira des méthodes de prévention des risques par le contrôle et le choix des matériaux.

Dossier à suivre.