Les premières demandes d’agrément provisoire des matériaux sont faites
Les matériaux et procédés de construction qu’ils soient transformés ou fabriqués localement, ou importés, certifiés par un organisme accrédité ou non, peuvent être agréés selon le Référentiel de Construction de la Nouvelle-Calédonie (RCNC). Les premières demandes d’agrément ont été déposées. Zoom sur le cas d’Isotechnic, société calédonienne fabricant des produits de couverture, bardage et construction modulaire en métal, qui a déposé plusieurs demandes d’agrément.
« Nous avons pour le moment proposé à l’agrément cinq produits dans les gammes de couverture, surtoiture et bardage en panneau sandwich. Nous sommes au début du chemin du processus, à ce jour nous avons reçu notre demande d’agrément provisoire et débuté la construction de notre référentiel » indique Alban Goullet Allard, directeur général de Isotechnic. Toutefois, si la procédure administrative n’a pas posé de problème jusqu’ici, l’aspect technique de l’agrément est plus compliqué. « Nos produits doivent subir un grand nombre d’essais mécaniques et de résistance au feu, nécessitant un grand nombre d’échantillons, une grande préparation et un coût relativement élevé. Nous sommes en stand-by au niveau des essais du fait que le laboratoire BRANZ (Nouvelle-Zélande) ne puisse pas encore interpréter correctement certaines spécificités de la norme française relatives au panneau sandwich et donc les tester correctement (problème de communication, de méthode d’essais, malheureusement de délais dû à la crise sanitaire actuelle). » déplore t-il en effet.
« De plus, Isotechnic va opérer un changement majeur en début d’année prochaine en remplaçant une partie de ses matières premières. Cette modification engendrera obligatoirement une nouvelle série d’essais mécaniques et de résistance au feu avec un délai estimé à une année en fonction de la crise sanitaire, des délais logistiques et de la réponse des laboratoires français. Nous sommes très favorables à la collaboration avec des laboratoires régionaux dans le Pacifique pour des raisons évidentes (proximité réduisant l’empreinte carbone, délais d’envois des échantillons, décalage horaire inexistant…), malheureusement le fait d’échanger avec des opérateurs anglophones amène certaines difficultés d’interprétations du fait d’un décalage de culture normative. » précise Alban Goullet Allard.
Malgré ces nombreux obstacles à surmonter, l’entreprise envisage l’agrément des matériaux comme « un nouvel avantage pour valoriser la qualité des produits locaux et un argument commercial supplémentaire pour nos équipes de vente. La démarche qualité et l’agrément des matériaux sont en effet étroitement liés ». Si pour l’heure l’agrément RCNC ne permet pas encore de créer des avantages concurrentiels, le chef d’entreprise appréhende le référentiel de façon plus large : « En tant qu’industriel de Nouvelle-Calédonie, nous devons montrer l’exemple et malgré les difficultés qui nous entourent (marché domestique restreint et trop faible volume de production vis-à-vis de nos capacités de production réelles), nous pensons que c’est un signe fort de démarcation et la volonté forte des industriels de montrer au grand public et aux collectivités que les entreprises calédoniennes s’investissent chaque jour pour démontrer que les produits locaux sont qualitatifs et permettent de maintenir des emplois et d’en créer quand la conjoncture le permet. »
Ainsi, Alban Goullet Allard souhaite encourager les entreprises locales à suivre sa démarche ; « le RCNC est une grande et belle aventure. On sait que chaque journée sera différente, parfois bonne, parfois mauvaise, mais l’industrie amène de grandes satisfactions par la diversité de ses activités (formation, innovation, sécurité, qualité, prospection, communication…). L’industrie locale et régionale valorise le développement des circuits courts, le maintien des populations, le niveau de compétences et surtout assure un avenir pour les futures générations. » conclut-il.