Vers un référentiel de l'habitat océanien

Case traditionnelle à Lifou
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Le comité directeur du Fonds de coopération économique, sociale et culturelle pour le Pacifique (dit « Fonds Pacifique »), a retenu le projet de référentiel de l’habitat océanien présenté par la direction des Achats, du patrimoine et des moyens du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (DAPM).

À l’aide de ce fonds, le ministère des Affaires étrangères concourt aux actions de coopération économique, sociale et culturelle menées avec les États ou territoires de la région et contribue ainsi à l'insertion régionale de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française et des îles Wallis-et-Futuna. Le cadre idéal pour ce nouveau défi.

La première étape de ce projet de référentiel consiste à construire une définition de  l’habitat océanien qui pourrait s’articuler autour de quatre axes profilant les contours du projet à mettre en œuvre.

1 - Une approche culturelle

Les fonctionnalités de l’habitat océanien répondent à des exigences culturelles : le rapport à la terre, à l’espace et, plus globalement, au mode de vie. Les différentes approches culturelles et fonctionnelles seront donc à inventorier, les espaces et les liens homme-habitat, à définir.

2 - Identification et analyse des savoir-faire vernaculaires

Les techniques de construction traditionnelles océaniennes relèvent de savoir-faire ancestraux qu’il convient de préserver, et de l’utilisation des ressources naturelles disponibles dans l’environnement immédiat. Les techniques de construction, de choix de matériau de conception seront inventoriées, analysées, modélisées afin d’être formalisées, améliorées si besoin, puis pérennisées.

3 - Prise en compte des risques naturels et climatiques

Le choix d’un site d’implantation d’un ouvrage peut avoir de lourdes conséquences sur son exposition aux risques naturels et climatiques. Une implantation inadéquate peut engendrer des contraintes fortes et un surenchérissement des coûts de construction. L’exposition aux vents cycloniques, la menace des tsunamis, les glissements de terrain, les inondations sont les plus connus de ces risques et les modèles pour les évaluer existent déjà. Identifier avec précision les données d’exposition à ces risques est indispensable pour apporter des garanties de résistance totale ou partielle, voire de choisir une autre implantation moins exposée. Tous les facteurs de risque et les éléments environnant l’habitat doivent être pris en compte, y compris l’intégration dans le tissu urbain (assainissement, réseaux, utilités), et retranscris dans une cartographie.

4 - La transposition des savoir-faire

Les savoir-faire traditionnels et les performances qui y sont associées, inventoriés en phase deux, devront faire l’objet d’une évaluation de performance. Les performances de confort, de résistance au feu, la facilité de maintenance, mais aussi l’empreinte environnementale, ou la performance énergétique, sont quelques-unes des nombreuses caractéristiques qu’il conviendra de référer aux normes techniques existantes afin de les affirmer.

Une intégration possible du projet dans le RCNC

La DAPM porte depuis 2018 la réforme de l’assurance construction, la normalisation des matériaux de construction et la qualification obligatoire des professionnels du bâtiment au travers du RCNC, référentiel calédonien de la construction, qui constitue le nouvel écosystème dans lequel évolue le domaine du bâtiment depuis le 1er juillet 2020. Ce cadre pourra être adapté à la réalisation de ce projet.

Les enjeux de l’intégration dans un référentiel des matériaux de construction à la fois locaux et  renouvelables, mais aussi des procédés de construction issus de savoirs ancestraux, sont nombreux. La « normalisation » permettra l’ouverture aux assurances construction, la collecte ou la fabrication des matériaux selon des standards de qualité, un habitat plus adapté aux besoins, aux risques naturels et aux modes de vie, et surtout la préservation de techniques millénaires qui menacent de disparaître. En outre, le potentiel de développement économique que la création d’une filière de construction traditionnelle pourrait engendrer est réel.

Un projet à portée régionale

Dans cette optique, une réflexion commune s’impose afin de favoriser les échanges techniques et économiques entre les archipels du Pacifique qui font face aux mêmes défis climatiques et disposent de savoir-faire traditionnels comparables à ceux de la Nouvelle-Calédonie. Cette coopération régionale permettra d’offrir des opportunités d’échanges et de synergies entre territoires du Pacifique Sud et, comme l’espère la DAPM, de nouveaux débouchés aux acteurs calédoniens de la construction traditionnelle.