Vers un comité spécifique de décarbonation au sein du RCNC

réemploi
0

La décarbonation de la construction fait appel à plusieurs axes de travail, comme par exemple l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés pour travailler sur la performance énergétique des bâtiments et des produits locaux. Le réemploi et la réutilisation des équipements et matériaux de construction fait également partie de ces axes de travail, pour donner une seconde vie à des produits issus de bâtiments déconstruits avec soin. Dans le même temps, l’élaboration d’un dispositif d’analyse des cycles de vie et d’évaluation de l’empreinte carbone des activités de construction seront indispensables pour guider les acteurs dans les meilleurs choix.

Le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics est celui qui produit le plus de déchets, avec notamment les déchets inertes (remblais et matériaux issus de la déconstruction), des déchets non-dangereux (emballages, bois, aciers …) mais également des déchets dangereux (amiante, peintures, solvants, etc.). C’est aussi le secteur dans lequel les initiatives d’économie circulaire se multiplient, en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, sous l’impulsion d’un marché de la rénovation grandissant, des conjonctures économiques et de l’augmentation des coûts des matières premières des matériaux de la construction et des frais de transport.

Quelques-unes de ces initiatives ont été présentées lors d’une table ronde le jeudi 14 mars 2024, à la province Sud, organisée sous l’impulsion de l’équipe en charge du RCNC. Cette réunion, regroupant une soixantaine d’acteurs, a permis de faire un état des lieux du secteur et de se pencher sur des retours d’expérience récents, comme la déconstruction sélective de la Bibliothèque Bernheim (DAPM*/CAPSE) ou des projets à venir comme l’intégration du réemploi dans le futur EcoPôle de la province Sud, présentée par la DAEM** et la DDDT***. Ces interventions ont montré que les donneurs d’ordre publics sont déjà impliqués dans la démarche et sont en demande de structuration de filière.

A la lumière de ces retours d’expérience, il apparaît que la déconstruction sélective, permettant de réemployer des matériaux de construction déposés sur un chantier de rénovation, ne coûte pas plus cher qu’une destruction et permet d’éviter l’enfouissement de plusieurs tonnes de matériaux.

La CCI a présenté l’outil CircuitPro, ayant permis à ces chantiers de trouver preneurs des matériaux déposés auprès d’autres professionnels.

Il existe en Nouvelle-Calédonie plusieurs matériaux de construction issus de l’économie circulaire, comme le recyclage de déchets de plastique et de verre en dalles (EcoPavement), ou la ouate de cellulose d’Isoca fabriquée à base de déchets de cartons (notamment utilisée dans le projet d’EcoPôle). Ce sont les agglos d’Hydroclean, réalisés à base de déchets de verre, qui ont été présentés le 14 mars, avec le soutien du cluster Acotred. Tous ces produits innovants doivent faire l’objet d’un agrément dans le cadre du RCNC et doivent être soutenus par les collectivités dans le cadre d’appels d’offres.

L’entreprise métropolitaine Cycle-Up fait partie des précurseurs de cette nouvelle activité. Elle propose du conseil, des études en réemploi et elle est également l’administratrice d’une marketplace permettant l’achat et la vente de matériaux de réemploi. L’entreprise a présenté son activité de reconditionnement d’équipements sanitaires et a souligné la nécessité de travailler en amont avec les assureurs afin de garantir la qualité et l’assurabilité des produits réemployés.

Un cadre et une réglementation calédonienne restent à imaginer, afin de soutenir ces initiatives, avec des incitations incluant des critères d’éco-conditionnalité.

Il a ainsi été proposé aux personnes présentes à la table ronde, de participer, via une inscription, à un comité spécifique du CTE (Comité Technique d’Évaluation) dédié à la décarbonation de la construction en Nouvelle-Calédonie.

Ce comité, à l’instar de tous ceux qui sont créés au sein du RCNC**** offrira un cadre et des modalités de concertation destinées à faire émerger des consensus professionnels sur chacune des nombreuses thématiques de ce domaine. Ainsi, elles pourront être hiérarchisées et/ou réparties dans différents ateliers.

De nombreux échanges ont eu lieu ce jeudi 14 mars, ce qui prouve que le sujet intéresse les acteurs. Des freins ont été identifiés et ils seront travaillés au sein du comité.

L’ADEME a rappelé par ailleurs que des aides sont susceptibles d’être apportées aux porteurs de projets d’économie circulaire.

Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé de la construction, a souligné la nécessité de faire avancer ce projet : « Il faut gérer la crise que nous traversons qui impacte le BTP, mais en même temps, il faut regarder les perspectives. L’économie circulaire nous en offre l’occasion. Un cycle vertueux est à trouver, dans un objectif de décarbonation de la construction en particulier, de l’économie calédonienne en général. »

 

*DAPM : Direction des achats du patrimoine et des moyens du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

** DAEM :Direction de l’aménagement, de l’équipement et des moyens de la province Sud

*** DDDT : Direction du développement durable des territoires de la province Sud

**** RCNC : Référentiel de la Construction de la Nouvelle-Calédonie, piloté par la DAPM (direction des achats, du patrimoine et des moyens du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie)