Le rôle des laboratoires d’essai dans le cadre du RCNC

Le laboratoire Ginger LBTP-NC analyse la qualité des bétons
1

Afin de garantir des constructions de qualité, le nouveau référentiel de la construction de la Nouvelle-Calédonie (RCNC) repose sur 3 piliers : un système d’assurances obligatoires, des qualifications pour exercer et des matériaux agréés. Les matériaux locaux ou importés hors Union Européenne doivent pouvoir être agréés en Nouvelle-Calédonie sur la base de la vérification des garanties apportées par les fabricants. Ce sont les laboratoires qui vont procéder aux essais afin de vérifier si les performances de ces matériaux et procédés sont conformes et assurent ainsi leur aptitude à l’emploi.

Le RCNC (référentiel de la construction en Nouvelle-Calédonie) pose les bases d’un système de vérification de la conformité des matériaux de construction à des exigences spécifiées.
Ces exigences sont rassemblées dans des normes techniques pour la mise en œuvre par les constructeurs, et au sein de recueils d’essais normalisés, de condition d’auto-contrôle et de contrôle pour l’agrément des matériaux et procédés de construction pour les fabricants.
La réalisation des essais requiert la compétence de laboratoires spécialisés.

Préciser les règles du jeu

« Le RCNC va permettre de préciser les règles du jeu par l’établissement de référentiels d’exigences techniques et de contrôle qualité des matériaux et de leur mise en œuvre. Ainsi, un matériau de construction aura des caractéristiques précises définies et garanties par son producteur, caractéristiques qu’il sera possible de vérifier au sein d’un laboratoire indépendant » explique Olivier Thirionet, responsable de la division matériaux au sein du laboratoire Ginger LBTP-NC spécialisé dans l’expertise bâtiment.

En effet, la mission principale des laboratoires qui seront agréés RCNC sera de tester le matériau afin de vérifier qu’il réponde bien aux spécifications annoncées par son fabricant et ainsi permettre son agrément RCNC, pour une utilisation optimale et in fine son intégration dans une construction de qualité, durable et résistante.

Des missions diverses

Cette vérification par les laboratoires peut ainsi prendre plusieurs formes :

  • Une mission d’ordre général dans le domaine de la qualité de la construction – formation, diffusion de la connaissance, promotion de la qualification des acteurs.
  • Une mission d’assistance technique dans le contrôle production pour le compte des industriels.
  • La réalisation d’essais contradictoires dans le cadre des procédures d’agrément.
  • La réalisation d’essais de réception des produits sur chantier pour le compte des clients.
  • Le développement des missions de contrôles extérieurs dans le cadre de projet de construction.

« Le laboratoire LBTP souhaite répondre à toutes ces missions, en se focalisant dans un premier temps sur ses métiers traditionnels (gros œuvre, génie civil) et dans un second temps, développer les compétences issues de la maison mère du LBTP (Ginger CETBP) relatives aux certifications sur vitrages, fenêtres, mastic, profilés aluminium, selon les besoins du pays. » indique Olivier Thirionet.

Montée en compétence des laboratoires

Une action de « sourcing » des laboratoires dans le Pacifique Sud est en cours : elle a pour vocation d’identifier les laboratoires susceptibles de travailler selon nos référentiels et d’être agréés RCNC, ceci afin de proposer aux industriels un éventail le plus large possible de laboratoires couvrant l’ensemble des essais à mener dans le cadre de l’agrément RCNC.

« La Nouvelle-Calédonie encourage les laboratoires à développer cette activité, trop souvent confiée à des opérateurs extérieurs. Même s’il est illusoire de penser que le marché permettra de stabiliser une filière susceptible de couvrir l’ensemble des besoins, une montée en compétence est possible et souhaitable pour favoriser la mise en place de cette réforme, nous mettre au niveau des pays de notre environnement économique et, sous la forme de partenariats à créer, travailler en synergie avec des laboratoires de nos pays voisins et de métropole.

Ce principe du contrôle de conformité à des exigences essentielles de sécurité existe dans tous les pays qui disposent d’une capacité industrielle et d’une culture technique propre. Il s’applique dans tous les secteurs d’activité, alimentation, agriculture, pharmacie, etc. Aujourd’hui, la construction met en place son écosystème propre. » précise Djamil Abdelaziz, directeur adjoint de la DAPM (gouvernement de la Nouvelle-Calédonie).

Un processus en cours

Le processus d’agrément des matériaux lié au RCNC en est à ses débuts. La première étape, en cours, consiste pour les fabricants à faire agréer de façon provisoire leurs matériaux de façon à permettre aux instances du RCNC d'identifier les matériaux actuellement commercialisés sur le territoire et de quantifier les besoins et les moyens à mettre en œuvre, notamment le système d’expertise en laboratoire, pour des agréments définitifs. Cet agrément provisoire est délivré sur l’antériorité de l’usage du matériau sur le territoire, dans l’attente de la mise en place de l’agrément « définitif » qui sera le garant de la qualité intrinsèque des matériaux agréés. Ce processus, complexe et minutieux, met en œuvre de très nombreux acteurs. « Au-delà de l’aspect réglementaire, les rencontres et les discussions qui ont pu se faire autour du RCNC ont été l’occasion d’échanges sur la problématique de la qualité entre l’ensemble des acteurs de la construction, souligne Olivier Thirionet. Ces rencontres institutionnelles ont abouti à de nombreuses réalisations comme la rédaction des référentiels techniques d’agrément des produits, rendue possible grâce à la forte implication de la FINC, ou la démarche engagée par le FCBTP-NC sur la qualité des bétons qui a réuni l’ensemble des acteurs de la profession (architectes, Bureau d’études, laboratoires, université, producteurs, entreprises, maîtres d’ouvrages) afin de définir les bonnes pratiques à adopter lors de la construction d’ouvrage en béton. Ce travail a débouché sur la production d’un excellent guide technique à paraître fin février. Ces réalisations sont remarquables car elles traduisent une réelle volonté des différents acteurs de développer la qualité dans la construction. »

Implication des acteurs

Cette implication de tous les acteurs est en effet la clé de voute de la réussite de cette réforme. Elle passe par une prise de conscience de la nécessité de garantir des constructions de qualité, prise de conscience que remarque Olivier Thirionet. « J’ai l’impression que la qualité dans la construction est devenue un vrai sujet, que ce soit pour se démarquer commercialement, pour répondre aux exigences réglementaires, ou encore pour éviter une sinistralité couteuse.»

Pour résumer, « une construction réussie, c’est l’association d’un besoin bien exprimé (maîtrise d’ouvrage), d’une bonne conception (maîtrise d’œuvre), de l’utilisation de matériaux adaptés (fournisseurs) et d’une bonne exécution des travaux (entreprise de travaux). Le RCNC pose un cadre à l’ensemble de ces activités, notamment par la qualification des acteurs et par l’agrément des produits de la construction. » conclut Olivier Thirionet.